[CR] Dynamo 1940 (The Wargamer)

A ma demande, Bir Hacheim a cette fois-ci exhumé des profondeurs de sa collection "Dynamo", un jeu de Ty Bomba paru dans le magazine "The Wargamer" n° 53 (mai 1986 - ça ne rajeunit personne, surtout pas moi).

D'abord quelques mots sur le jeu. Ty Bomba a souvent été critiqué, mais "Dynamo" a des commentaires sympas sur CSW.
Et puis je me sens d'humeur "régionaliste", alors...

Comme son nom l'indique, le jeu couvre les opérations de réduction des poches de Lille et Dunkerque en 1940 à l'échelle opérationnelle.
Chaque hex fait un gros 6 km, et les 12 tours couvrent les 12 jours du 20 au 31 mai. Les unités sont principalement des divisions, avec un échantillon de brigades, de garnisons alliées, de task forces britanniques etc.

Les règles favorisent outrageusement le camp allemand (j'ai choisi le camp allié    ) : Blitz (lire : overrun), Schwerpunkt (lire : intégrité de PzKorps), meilleurs potentiels de mouvement, voire même doublés dans certains cas.

L'Allié n'est tout de même pas sans atouts : intervention de la RAF une fois dans la partie, et option de contre-attaque massive (une fois aussi, genre Arras). Ah il y a aussi la Luftwaffe, présente tout le temps hélas !

La carte n'est pas vilaine, mais sans réseau routier (explication : il y a des routes partout), et quelques villes ou rivières sont mal orthographiées : Robaix au lieu de Roubaix par exemple. La carte donne aussi l'impression d'une simplification arbitraire quant aux villages représentés : on y trouve des hameaux comme l'Epinette ou Le Paradis, mais pas des villes comme Lillers, Bapaume, Bourbourg ou Watten qui fut le théâtre de combats violents. Typique du Wargamer de l'époque, la carte comporte des illustrations pour faire joli, mais j'aurais préféré à la place un rappel des certaines règles, celle de l'empilement par exemple.

Les pions sont fonctionnels sans plus.Certaines unités ont 2 steps, les PzDivisions en ont 4 (je vous avais dit qu'il y avait du favoritisme !). Dommage que les hexes du setup initial ne soient pas indiqués sur les pions concernés et que les unités françaises soient difficiles à lire (noir sur bleu foncé - voir plus haut les considérations sur l'âge des joueurs). Il y a aussi quelques pions-leurres à l'utilité pas flagrante.

(à suivre...)

J'ai déjà eu l'occasion de jouer deux fois à ce jeu en solo.
Et comme Philippe est dunkerquois, le jeu méritait de ressortir sur une table.
il faut aussi dire que pendant longtemps il y eut peu de jeux consacrés à la percée allemande vers les côtes de la Manche et de la Mer du Nord et au rembarquement des troupes britanniques.
Celui-ci présente bien à la fois la poussée vers la mer, la formation d'une poche de résistance autour de l'agglomération lilloise et le rembarquement de Dunkerque et des plages environnantes.

A noter, récemment, le France'40 de Mark Simonitch qui nous propose aussi un Dynamo, joué une fois en solo pour ma part.

Mais laissons Philippe continuer sa présentation !

Situation initiale
Les forces alliées forment un saillant plus ou moins basé sur l'Escaut, la Sensée et la Scarpe.
Douai, Valenciennes et Tournai sont contrôlés par les Alliés.
Les Français sont au centre, les Britanniques sur les ailes.
Notez la grosse concentration britannique à Seclin, pile là où j'habite.
Les Allemands sont déjà au contact, les Panzers sont dans les starting blocks, les renforts sont prêts !

Tour 1 : 20 mai (hist : le torpilleur Adroit est touché par 2 bombes devant Dunkerque et s'échoue à Malo les Bains)

Les task forces britanniques éparpillées dans la Somme sont remontées dans le Pas de Calais.
Le saillant allié s'est replié sur la ligne Douai - St Amand, mais les Allemands sont déjà sur la canal Béthune -La Bassée.
5 divisions françaises arrivent près d'Amiens, mais c'est de l'infanterie peu rapide.

Vous remarquerez les "piles qui tuent" : Panzers et Stukas !
Une intervention de la RAF n'a eu aucun effet, hélas !

Mon objectif était clair: déséquilibrer les Britanniques en les empêchant de constituer une ligne de défense solide avec la volonté de pousser à tout moment soit vers Calais, soit vers la frontière belge (pour constituer une poche la plus grande possible autour de Lille à des fins de la réduire ensuite) ! L'objectif de fond est avant tout l'annihilation de l'armée anglaise, la plus intéressante en VP...

Mon plan à moi, c'était de faire aussi bien qu'à l'époque. Enfin, plan... bon, plan, c'est vite dit !
J'aurais du dire "voeu pieu".

Tour 2 : 21 mai (hist: le général Billotte tombe dans le coma suite à un accident de la route)

L'opération de tronçonnage est en cours : les Panzers créent le trou entre Béthune et Hazebrouck





Le BEF décide d'exfiltrer vers la côte ce qui peut l'être, aussi bien les troupes aux alentours de Lille que celles encore dans le Pas de Calais. Une poche va bientôt se former autour de Lille, les Allemands se sont même infiltrés dans sa banlieue sud.

Bon, le plan marche, constituer une grande poche sur Lille mais bon, de là à être tenté de déjà couper la poche en deux, je suis peut-être là trop gourmand avec cette Pz.Div esseulée au milieu des unités françaises...

Euh... en fait, ça se voit pas bien sur la photo, mais il y en a 2 de PzDiv dans la pile (heureusement pour moi )

Tour 3 : 22 mai (hist : le contree-torpilleur Jaguar est torpillé par une SchnellBoot allemande)

Les Allemands continuent l'encerclement de Lille et nettoient l'arrière-pays boulonnais des quelques unités britanniques qui n'ont pu rejoindre la côte à temps.





Surprise ! Les valeureuses forces françaises, toujours ravitaillées par l'agglomération lilloise, déclenchent une contre-attaque massive qui détruisent 2 Panzerdivisions lors de terribles combats de rue à Ronchin, Loos, Faches entre autres.





Dans la Somme, des renforts d'infanterie français progressent dans la région d'Abbeville.
Sur la côte la majorité des unités britanniques va tenir le périmètre avec le concours du Secteur Fortifié des Flandres.

Tour 4 : 23 mai (hist : l'armée belge abandonne Gand et Terneuzen)

Volte-face allemand : les divisions blindées se détournent temporairement de la côte pour foncer vers Abbeville et faire peur aux faibles renforts français (ça va marcher...).

A Lille, la poche est complètement fermée et va être très progressivement réduite.







Dans la Somme, les Français tentent de mettre un peu d'espace entre eux et les Panzers.
A Dunkerque, le périmètre est créé.

Tour 5 : 24 mai (hist : chute de Boulogne)

Au sud d'Abbeville, les Français se font sévèrement étriller, pas d'espoir à attendre de ce côté-là.
Et Boulogne est tombé, le premier des 3 ports d'où peut se faire l'évacuation du BEF.





A Lille, c'est la routine : chaque jour, une division ou une demi-division française disparaît dans la fournaise des combats urbains.
Consolation : parfois quelques adversaires subissent le même sort.



Dunkerque : les évacuations vont bon train, l'équivalent d'une division et demie par jour met les voiles (parfois littéralement vu la diversité des bateaux) vers les côtes anglaises.



Dans la Somme, repli général. Les divisions françaises sorties de la carte comptent comme unités évacuées.

philippe butez a écrit:Euh... en fait, ça se voit pas bien sur la photo, mais il y en a 2 de PzDiv dans la pile (heureusement pour moi )

Quoi ? Deux divisions, on m'aurait menti ?(Adolf Hitler)
Deux divisions ? juste un groupe d'éclairage !C'est de la propagande française et je m'y connais ! (Goebbels)

;-)

philippe butez a écrit:Tour 4 : 23 mai (hist : l'armée belge abandonne Gand et Terneuzen)

Volte-face allemand : les divisions blindées se détournent temporairement de la côte pour foncer vers Abbeville et faire peur aux faibles renforts français (ça va marcher...).

A Lille, la poche est complètement fermée et va être très progressivement réduite.

Dans la Somme, les Français tentent de mettre un peu d'espace entre eux et les Panzers.
A Dunkerque, le périmètre est créé.

Pour la volte-face, l'idée est de prendre des VP encore disponibles.
Pour Lille, c'est bouclé. On a le temps de réduire tout ça !
Dunkerque devient la priorité !

philippe butez a écrit:Tour 5 : 24 mai (hist : chute de Boulogne)

Au sud d'Abbeville, les Français se font sévèrement étriller, pas d'espoir à attendre de ce côté-là.
Et Boulogne est tombé, le premier des 3 ports d'où peut se faire l'évacuation du BEF.

A Lille, c'est la routine : chaque jour, une division ou une demi-division française disparaît dans la fournaise des combats urbains.
Consolation : parfois quelques adversaires subissent le même sort.

Dunkerque : les évacuations vont bon train, l'équivalent d'une division et demie par jour met les voiles (parfois littéralement vu la diversité des bateaux) vers les côtes anglaises.

Dans la Somme, repli général. Les divisions françaises sorties de la carte comptent comme unités évacuées.

Dans le sud, c'était le but !
Lille, on les grignote, on a le temps !
Dunkerque est la priorité désormais !
Vorwärts !

Tour 6 : 25 mai (hist : les Allemands s'emparent d'Audenarde)

La poche de Lille se réduit, celle de Dunkerque commence à être attaquée. Calais a été abandonné.
Il y a suffisamment de troupes allemandes dans la Somme pour prévenir tout retour offensif français.





A Dunkerque, les évacuations continuent sous le feu ennemi, la poche ne fait plus qu'une douzaine de km dans sa plus grande dimension.

Tour 7 : 26 mai (hist : Calais tombe)

Plus que 1 hex occupé à Dunkerque, face à des flopées de divisions allemandes.
A Lille, il y a un peu plus de profondeur, mais que faire devant tant d'ennemis ?

Je les grignote, je les broie, je les disperse façon puzzle !
ok, je me calme...

J'attends avec impatience la conclusion. Ça se présente comment niveau points de victoire à ce moment-là ?

Il me semble qu'historiquement il n'y avait pas autant de divisions dans la poche de Lille (5 incomplètes vérification faite) donc les Alliés risquent de perdre plus que prévu. Mais 2 Pzdivisions hors de combat, Weygand en aurait rêvé.

Zirconium a écrit:J'attends avec impatience la conclusion. Ça se présente comment niveau points de victoire à ce moment-là ?

Il me semble qu'historiquement il n'y avait pas autant de divisions dans la poche de Lille (5 incomplètes vérification faite) donc les Alliés risquent de perdre plus que prévu. Mais 2 Pzdivisions hors de combat, Weygand en aurait rêvé.

Je laisse Philippe faire le CR et conclure...
Ne remue pas le couteau dans la plaie pour les 2 PzDiv, j'ai juste été présomptueux en voulant empêcher la formation de la poche de Lille... Je serais arrivé au même résultat sans prendre ce risque qui était finalement inutile !

Zirconium a écrit:J'attends avec impatience la conclusion. Ça se présente comment niveau points de victoire à ce moment-là ?

Il me semble qu'historiquement il n'y avait pas autant de divisions dans la poche de Lille (5 incomplètes vérification faite) donc les Alliés risquent de perdre plus que prévu. Mais 2 Pzdivisions hors de combat, Weygand en aurait rêvé.

Ta remarque sur la poche de Lille est juste. J'avais fait l'année dernière un solo sur F40 - Dynamo de Mark Simonitch et il n'y avait pas moyen de concentrer autant de divisions sur Lille pour l'Allié.

Tour 8 : 27 mai (hist : capitulation sans conditions de la Belgique)

A Dunkerque, l'étau se resserre. Cela libère des divisions allemandes pour "finir" Lille et établir un cordon solide dans la Somme.





En fin de journée, il n'y a plus qu'une demi-division britannique à évacuer.

Tour 9 : 28 mai (hist : le torpilleur HMS Wakeful coule en 15 secondes !)

Dunkerque est tombé ! Et à Lille les Français se battent pied à pied, sans beaucoup d'espoir

Tour 10 : 29 mai (hist : les torpilleurs français Sirocco, Mistral et Cyclone parviennent à Douvres)

C'est l'hallali !!

Epilogue

Il restait encore 2 tours, mais ils sont devenus sans objet, bien entendu.

Les Allemands ont obtenu 206 points de victoire en éliminant des unités adverses.

Les Alliés ont évacué l'équivalent de 38 PV, aussi bien des unités du BEF que des renforts français qui ne sont pas rentrés sur carte (sage décision, bien leur en a pris !). Ils ont gagné 56 PV par la destruction de steps allemands, surtout grâce aux 2 divisions de Panzer imprudemment engagées dans des combats urbains le 22 mai.

Verdict : Victoire substantielle allemande (tu parles d'une surprise !). Il aurait fallu 9 PV de plus du côté allié pour que le résultat devienne une victoire marginale allemande.

A ne pas faire pour les Alliés
1. Essayer de tenir une ligne de défense en début de partie. Il faut tout de suite organiser le repli (la fuite ?) vers la côte et les agglomérations pour y faire des poches. Une exception, peut-être : les cours d'eau peuvent servir de lignes d'arrêt, en particulier vers Béthune, Festubert et La Bassée.

2. Faire rentrer les nombreux renforts français et GB sur la carte au fur et à mesure. A mon avis, il vaut mieux les accumuler hors carte en attendant une occasion éventuelle d'attaque sur les arrières ou flancs adverses. Au pire, ces unités seront comptabilisées comme évacuées si elles ne sont pas utilisées.