[CR] Red Devils (SPI, 1979)

Je profite du confinement qui a flingué les réunions de notre club (Warg'amis à Roubaix) pour faire une partie solo de "Red Devils", un jeu publié par SPI en 1979. Cela permettra de voir si ce jeu fait partie des "Oldies but Goldies", ou s'il faut le reléguer aux oubliettes.

Vous l'aurez peut-être deviné, il concerne les paras britanniques. Plus précisément, il s'agit de leur tentative de prendre le pont d'Arnhem lors de l'opération Market Garden en septembre 1944. C'est un jeu simple, mais pas simpliste, à l'échelle du bataillon. Un tour de jeu couvre une demi-journée, et un hex 600 mètres. A noter que ce jeu est groupé sous le nom de "Paratroop" avec 2 autres jeux, "Crete" et "Eben Emael".

La carte est assez réussie, on voit assez vite qu'l n'y a pas beaucoup d'emplacement convenables pour une DZ. Par contre les pions sont, comment dire, bof, parce que sans indication de la taille des unités, et surtout monochromes. Il y a une différenciation entres infanteries "à pied" et "moto/méca" pour le mouvement, mais il faut bien connaitre ses symboles OTAN pour reconnaître qui est qui. Un peu de couleur aurait facilité le boulot. D'accord, c'est 1979, mais quand même... D'autant que pas mal de couleurs sont utilisées pour "Crete". Par ailleurs ces pions n'ont qu'une indication de force, et éventuellement de portée, les points de mouvement sont les mêmes pour tous.

Les résultats de combat sont naturellement influencés par le terrain et comprennent l'élimination, un choix entre une retraite ou une désorganisation, ou "pas d'effet". Le camp allemand est avantagé par une réorganisation automatique au tour suivant, alors que le Britannique est limité par un nombre variable de points de réorg.

A suivre : l'atterrissage des paras...

L'atterrissage

Le parachutage de la 6th Airborne ne s'est pas très bien passé : 3 unités ont été éliminées et 5 désorganisées, sur 14 ! La moitié des forces prévues est inopérantes pour l'instant (la table utilisée donne 50% de chances de "disruption" en terrain clair, et ça empire dès qu'il y a autre chose dans un hex adjacent).

Tour 1 : la ruée

Les paras se précipitent vers Arnhem, mais une unité se fait accrocher en route par des tirs allemands. Résultat : un seul bataillon para est en vue des faubourgs de la ville. La seule réaction allemande est de bloquer l'accès au pont d'Heelsum. A la demi-journée, les paras désorganisés se sont remis en ordre de bataille (au départ il n'y a que 4 pions allemands sur la carte, dont 1 immobile au tour 1 et une flak statique qui garde le pont routier - en bas à droite sur la photo).

Bon, j'ai un souci avec ce CR : plus de photos !
Problème informatique... comme on dit quand on a oublié de faire des sauvegardes régulières.  
Et même  parce qu'il n'y avait pas que des photos de CR !

Je me propose d'écrire quand même le narratif d'après mes notes, et puis il y aura une surprise à la fin !

Je préviens, j'ai joué de façon assez "détendue", parce qu'en solo et pour tester le jeu...

Tour 2
5 bataillons paras ont atteint Arnhem, dont 2 d'artillerie.
A Heelsum, un bataillon allemand tient tête aux paras, il est simplement désorganisé (le faire retraiter bloquerait des renforts). La même chose se passe dans la forêt entre Wolfheze et Oosterbeek. A Arnhem une tentative de prendre le pont routier, la Flak se défend courageusement.
Les renforts allemands, principalement la Hohenstaufen au nord et la Frundsberg à l'est, ne perdent pas de temps et se précipitent vers Arnhem et les DZ. A l'ouest, à Heelsum, les Allemands sont bloqués par des tirs d'opportunité, alors que les premiers assauts SS sur Arnhem échouent. Mais les approches de la ville sont maintenant bien "étanches", les renforts aéroportés auront du mal à passer.

Tour 3 (2ème jour)
Les renforts britanniques atterrissent, 4 unités sur 9 sont désorganisées. A Heelsum, les combats se résument à des accrochages. A l'est de Wolfheze, un bataillon allemand encerclé est détruit. A Arnhem, les paras se planquent et attendent. Seule la Flak du pont est désorganisée. Plusieurs bataillons de la Frundsberg arrivent, accompagnés par une nombreuse artillerie. Les Britanniques sont maintenant tous réorganisés et attendent de pied ferme...
Eh ben voilà, 2 bons résultats au dé plus tard, les SS prennent pied dans Arnhem, à 2 endroits. Et en plus les paras qui gardaient le côté nord du pont sont désorganisés.

Tour 4 : après-midi du 2ème jour
Les Brits abandonnent Heelsum et se déplacent en masse vers Wolfheze et Arnhem. Les SS hollandais (sic) postés dans la banlieue ouest d'Arnhem en font les frais, ainsi qu'un bataillon motorisé surpris en rase campagne près de Wolfheze.
La contre-attaque allemande ne fait pas dans le détail : il n'y a plus qu'un bataillon para à Arnhem, et les autres ne sont pas près de lui porter secours. Il n'y a qu'à Wolfheze et Oosterbeek que la 6th Airborne a un peu de marge...

Tour 5 : matin du 3ème jour
Ça sent un peu le sapin pour les paras mais ils ne vont pas se laisser faire sans réagir. Wolfheze est repris et Oosterbeek semble à l'abri pour l'instant...
L'instant en question ne dure malheureusement pas longtemps. Arnhem est bien aux mains des Allemands, définitivement, et Oosterbeek est à nouveau fragilisé.

Tour 6 : après-midi du 3ème jour
Les paras se regroupent pour défendre Oosterbeek, avec un peu de succès initialement. Un bataillon est détaché pour garder le pont d'Oosterbeek (chemin de fer) et éviter ainsi de se faire prendre à revers.
L'artillerie allemande (pléthorique !!) fait toutefois la différence : 3 bataillons britons sont "disrupted" et 2 détruits (avoir fait 2 fois de suite "1" au dé, ça aide !) contre un allemand.

Tour 7 : matin du 4ème jour
A part un bataillon malchanceux et sérieusement accroché, tous les paras sont maintenant regroupés à Oosterbeek et ont à peu près reconquis ce patelin. Mais au final, la situation ne s'arrange guère : si le pont de chemin de fer reste infranchissable, 2 bataillons paras ont disparu dans la tourmente (on va finir par se croire à Dien Bien Phu). Les paras résistent depuis plus de 3 jours, mais la brigade polonaise prévue demain va sans doute arriver trop tard !

Tour 8 : après midi du 4ème jour
Le périmètre se réduit. Oosterbeek est toujours aux mains des Britanniques, mais juste du bout des doigts (si on me permet cette image). La victoire allemande parait inévitable, la seule question est : à quel niveau ?

Tour 9 : matin du 5ème jour
La brigade polonaise atterrit au sud du Rhin comme historiquement, mais c'est un cauchemar : un bataillon sur 3 est éliminé, ainsi que l'artillerie d'accompagnement, et un autre bataillon est désorganisé. Il ne reste donc qu'un bataillon de manœuvre à la brigade : il se dirige vers Arnhem et désorganise la Flak qui garde le pont.
Dans Oosterbeek, un bataillon méca de la Frundsberg fait les frais d'une contre-attaque féroce des paras. Une tentative allemande de franchir le pont de chemin de fer échoue, mais par ailleurs les paras sont fort malmenés.

Tour 10 : après midi du 5ème jour
Les 2 bataillons polonais restants font une nouvelle tentative par le sud vers le pont routier, en balayant des SS qui tentent de s'interposer. Mais quelques poignées d'aviateurs allemands décidés sont venus prêter main-forte à la Flak du pont et bloquent les paras.
En retour,à Oosterbeek, les Allemands détruisent une dernière unité de paras et en désorganisent 2 autres.

Fin de partie : les Britanniques scorent 2 PV seulement => victoire allemande décisive !!

Analyse : Qu'est ce que j'ai mal joué !! J'ai oublié des règles en cours de route, par ci, par là (tirs d'opportunité, ferry d'Heveadorp...), et pas assez d'agressivité. Bon, je me dis que c''était pour découvrir le système . Allez je vais remettre ça : bande de veinards, vous allez avoir 2 CR pour le prix d'un (et avec des photos ce coup-ci) !

Bon, Philippe, un peu de sérieux !

Les paras, c'est agressif par définition !
Allez zou, tu recommences !

Blague à part, toujours un plaisir de retrouver ce vieux SPI "trois en un". J'avais nettement préféré la simulation de l'assaut sur Eben-Emael.

En fait, les paras n'ont pas vraiment les moyens d'être agressifs, mais les Allemands, oui, et beaucoup, même !
Renforts massifs, artillerie pléthorique...
On va voir dans le 2ème CR !

Tout se joue dans les premières heures, faut prendre tous les risques !
:-)

Bon, je recommence, comme promis. Certes, c'est presque 2 mois après, mais cette fois-ci j'espère mieux faire (dans tous les sens du terme).

Tour 1 : 17 septembre 1944, matin

J'espérais vraiment mieux pour la première vague de paras, mais le terrain dégagé est tellement restreint que c'est quand même vraiment pas terrible : 2 unités éliminées, 7 désorganisées, il n'en reste que 5 prêtes à faire mouvement vers Arnhem.


Evidemment, Arnhem c'est le but. Aucune des 5 ne va se faire accrocher en route, mais à midi, le pont routier n'est pas en vue. Une unité est restée en arrière pour bloquer des SS qui pourraient être tentés de f**tre le b**del dans les DZ.


Côté Alllemands, une seule petite unité est dispo. Elle décide d'aller titiller les paras de près, juste pour perturber le cours de choses. Mais la prudence reste de mise, ça grouille de Britanniques. 5 de leurs unités se sont remises en ordre, 2 restent "hors service".

Tour 2 : 17 septembre 1944, après midi

Les paras ont atteint Arnhem et tentent d'attaquer le pont. Idée stupide : la Flak les étrille sévèrement (je préfère les désorganiser plutôt que les retraiter, sinon la Frundsberg atteindra le pont et condamnera toute nouvelle tentative).


En tant que joueur allemand, je tente une autre stratégie. J'envoie la Hohenstaufen vers Wolfheze et les DZ, et la Frundsberg vers Arnhem. Dans l'ensemble, ça marche, mais les combats sont sans beaucoup d'effets.

Tour 3 : 18 septembre 1944, matin

La 2ème vague de la 6ème Airborne arrive, mais c'est pas la joie : sur 8 unités, seulement 3 atterrissent en bon état, et des 6 Pdr antichars se crashent dans les arbres. Autant dire que c'est encore pas aujourd'hui que le pont va être pris

Les paras s'y collent quand même : à Arnhem, des panzergrenadiers de la Frundsberg se font prendre en embuscade et morflent. A Wolfheze, ce sont les blindés de la Hohenstaufen qui reculent. Mais des renforts arrivent encore : des trucs de bric et de broc qui sortent de Heelsum, et surtout de l'artillerie principalement destinée à Arnhem. Et justement, à Arnhem, qu'est ce qui se passe. Ben pas grand-chose, les paras subissent des attaques massives, surtout près du pont, mais ils sont juste désorganisés.


Et à Wolfheze ? Ben pareil ! A noter l'utilisation judicieuse d'antichars contre les blindés allemands (sûrement des vieux PzKw III de récup). Bref, c'est le statu quo presque partout.

Tour 4 : 18 septembre 1944, après-midi

Les paras campent sur leurs positions, avec quelques relèves d'unités éprouvées. Une seule attaque a lieu dans les bois, près de Wolfheze, qui détruit quelques compagnies SS trop avancées. A Arnhem, il y a trop de désorganisation dans les rangs des paras, seul le périmètre est à peu près reconstitué. Mais l'artillerie allemande se fait sentir : le pont routier leur échappe.


Sur les DZ, il y a encore un peu de place pour reculer. Il va falloir mettre les chariots en cercle et espérer.

Tour 5 : 19 septembre 1944, matin

Les paras ne sont pas bien réveillés: le seul fait marquant de la matinée est l'échappée de quelques 6-Pdr qui quittent les DZ pour se diriger vers Arnhem. Par contre les SS se distinguent : la Hohenstaufen progresse autour de Wolfheze et la Frundsberg dans Arnhem (2 résultats à 1 au dé => 2 éliminations !).

Tour 6 : 19 septembre 1944, après-midi

Les paras essaient de se dégager. A Wolfheze, une attaque réussie élimine les SS hollandais (parait qu'il y en eu). Par contre les vétérans des 2 divisions principales résistent très bien. A Arnhem, les rapports de forces sont tellement inégaux que rien n'est possible pour les paras. D'ailleurs, les Allemands progressent, lentement, vers le centre. Sur les DZ, pas grand-chose, si ce n'est la perte de quelques centaines de mètres. Si les Polonais arrivent jusque là, ils vont être à l'étroit.

Tour 7 : 20 septembre 1944, matin

Urquhart et Frost se demandent vraiment ce que le XXXème Corps peut bien f****** en route. C'est quand même pas le moment d'admirer le paysage,nom de D*** !!

Une judicieuse réorganisation permet de desserrer l'étau allemand sur les DZ en détruisant au passage 2 unités ennemies (de faible valeur il est vrai). Mais ce n'est qu'un bref répit, l'artillerie allemande venue de Arnhem aide à repousser les paras vers Wolfheze.
A Arnhem, pas de vrai changement, les paras s'accrochent à chaque maison, mais ils commencent à fatiguer sérieux...

Tour 8 : 20 septembre 1944, après-midi

Il reste un espoir : la brigade polonaise arrive demain, il faut tenir encore quelques heures.
A Wolfheze, c'est 1 partout, les Allemands grignotent, non sans pertes. Pareil à Arnhem, mais l'artillerie permet d'éviter de perdre du monde. Les paras, même désorganisés, ne sont pas obligés de reculer en ville, il faut donc littéralement les écraser, bloc après bloc.

Tour 9 : 21 septembre 1944, matin

Sosabowski arrive près d'Heelsum, mais sans son artillerie qui s'est plantée dans le décor. Il lui reste 2 bataillons, le 3ème doit rassembler son équipement (et ses esprits... vodka, quelqu'un ?). C'est au tour des Allemands d'être pris entre 2 feux, et ils morflent (pas aidés il est vrai par les bons lancers de dés des Polonais). A Arnhem c'est le statu quo.

Tour 10 : 21 septembre 1944, après-midi

La bataille se termine... Plus que quelques pâtés de maisons à détruire à Arnhem, alors qu'à Wolfheze, la situation est un peu meilleure.

Epilogue : J'ai un peu mieux joué les 2 camps. Les paras s'en sont mieux sortis, surtout grâce aux Polonais et aux pertes infligées aux Allemands (voir plus bas). Je reste persuadé que le camp allemand peut encore faire mieux et accélérer la destruction de la 1st Airborne en optimisant ses attaques. Un tour de plus, le résultat aurait été "German decisive victory".

Maintenant, si quelqu'un a déjà réussi à gagner avec le camp britannique, je suis humblement preneur d'un quelconque tuyau. Au final, ça se joue vite, il y a pas mal de subtilités, et ça rend bien la situation désespérée des paras qui arrivent à survivre grâce à des règles particulières. Je ne suis par contre pas convaincu par la règles sur les tirs d'opportunité, qui ralentissent le jeu et à l'efficacité très limitée.

Et pour finir, la rituelle photo de la dead pile: