amaury a écrit:Pour revenir au fond du sujet, l’embuscade du 18 août et la manière dont elle a été traitée.
oui mais il faut partir des bonnes bases et donc prendre ou gardre ses distances avec la propagande, pardon la version officielle française...
je le dis sans animosité, mais tout ton discours est fondé sur une version largement démentie par les acteurs et les faits eux-mêmes...
Or, cette version est aussi reprise dans esprit critique par ton ancien "général"...
Sur le plan tactique, une embuscade qui coûte plus de pertes aux assaillants qu’aux défenseurs n’est pas vraiment un succès. Cet « échec relatif » des Talibans montre la qualité des troupes françaises engagée, mais n’a pas été vraiment évoqué en France (voire tourné en dérision).
es-tu sûr des pertes Taleb ? as-tu un chiffre précis et confirmé (on n'a retrouvé qu'un seul corps)...
Tout d'abord, et au-delà des vies humaines, les pertes n'ont pas la même "valeur" militaire.
Ensuite, nous avons deux hypothèses :
- soit tu as raison, et alors c'est très grave car cela signifie que les Talibans ont pu évacuer leurs morts et leurs blessés après les combats. Dans un conflit asymétrique, si le camps le plus puissant perds le contrôle du terrain après les combats, c'est le début de la fin.
- soit ce n'est pas vrai (ce ne sera qu'un "bobard" de plus dans cette affaire, comme l'histoire des pertes subies toutes dès les premières minutes). Et cela confirme simplement l'échec tactique subi lors de cette opération : une reco sans aucun appui prépositionné, un air-support US défaillant, une impréparation dramatique des unités envoyées "avec leur b... et leur couteau" dans une zone dangereuse et connue)....
J'avoue que je préfère la seconde hypothèse, car la première est très grave en terme de signification.
Dans tous les cas, nous avions les moyens de contrer cette embuscade mais ils n'ont pas ou mal été employés... Ce n'est pas tout à fait la définition pour moi d'un "succès tactique". L'embuscade a réussi au-delà de ce qui était escompté, ce n'est pas exactement pour moi un "échec relatif", mais bon, chacun est libre de l'apprécier (certains croient encore qu'Hannut fut une victoire française, et que Koursk futun succès tactique allemand, alors...).
Sur le plan opérationnel, malgré le battage médiatique très négatif (et donc défavorable à nos forces) qui a entouré cette affaire, l’objectif opérationnel recherché n’a pas été atteint par les Talibans. Dans la même région, face aux Italiens, une « petite » embuscade avec un mort italien avait convaincu les Italiens de s’enfermer chez eux et d’abandonner le terrain aux Talibans. Malgré 10 morts, les Français continuent leurs patrouilles, et ont retenu la leçon. Les dernières embuscades tendues ont été tenues en échec par les Français.
Sur le plan stratégique, cela n’a eu aucun impact.
Si un très grand impact au contraire : les Taliban sont capables d'agir en force loin du Pakistan, en soutenant un combat sur une grande durée (on est bien au-delà d'une embuscade), en renforçant leurs troupes, en amenant des munitions, et en évacuant morts et blessés. Dans un conflit asymétrique, c'est rarement bon signe...
Sur le plan politique, le discours de nos journaux a porté un rude coup au moral de la nation et à sa volonté de combattre. Sur ce plan, oui, il y a succès taliban, … mais nous en sommes les seuls responsables. Un discours soutenant à fond nos militaires, expliquant pourquoi l’armée française s’est faite surprendre (Talibans très agressifs alors que le secteur était réputé calme avant l’arrivée des Français) et mettant en valeur l’efficacité des troupes (qui ont tenu plusieurs heures dans des circonstances difficile) aurait pu avoir l’effet inverse, et fournir aussi une victoire politique à la coalition !
C'est un extraordinaire renversement des responsabilités, qui est grave dans une démocratie : si la gestion médiatique de cette opération depuis Paris n'avait pas été déplorable, si avant cette embuscade on n'avait pas autant faite de différences entre l'Iraq (échec US) et l'Afghanisthan (succès de nos vieilles troupes), il n'y aurait pas eu une telle suprise.
A part des officiers situés à des milliers de kms des opérations, voire de vieux soldats à la retraite, qui parmi les acteurs sur le terrain a considéré qu'il s'agissait d'une victoire ?
Le pseudo-battage médiatique "défaitiste" s'est nourri de l'écart énorme et intolérable entre la version officielle et les faits, et s'est nourri du ressentiment des gars du terrain...
D'ailleurs, depuis cette opération, le nombre d'hommes des unités d'élite qui refusent d'aller en A-stan a augmenté...
Il faut arrêter de mettre les échecs militaire sur le compte de ceux qui les dévoilent, c'est à ceux qui les ont décidé et qui ont conduit les opérations d'en assumer les conséquences.
C'est bien connu, les défaites militaires, c'est à cause des civils et des journalistes qui posent les mauvaises questions au mauvais moment... je paraphrase à peine ce que tu viens d'écrire. En as-tu conscience ?
L’intérêt du texte de ce général, c’est qu’il veut inverser la pente du discours médiatique défaitiste qui a entouré cette affaire, et mettre en avant un discours positif seul capable d’amener une victoire politique.
Ce texte n'a pour moi qu'un intérêt : celui de montrer la dialectique d'autojustification d'un systéme autiste (un peu comme le Medef qui dit que tout est sain mais que la Crise ne découle que de quelques déviances isolées).
Qu'il faille être optimiste pour espérer la victoire est une chose, mais cela ne peut fonctionner qu'avec une bonne dose de réalisme.
Par ailleurs, je vais ouvrir un sujet dans la section « histoire récente », pour parler d’un futur scénario En Pointe Toujours sur le sujet.
Très bonne idée.
Comme je le répète, cet échange n'est pas, pour moi une mise en cause personnelle (chacun est libre de penser ce qu'il veut), mais un débat d'idées très intéressant...
CM